Ronaldo-Messi; le plus grand duel de l’Histoire du football? (Partie 1)

On a jamais vu deux joueurs être au-dessus de la mêlée à ce point depuis Olivier Aton et Marc Landers. Les temps changent, le football évolue. Certes. Il est compliqué de comparer les époques. Il y a toujours une catégorie de personnes qui, quoiqu’il arrive, te diront que tout était mieux avant et le sport avec. On va donc devoir en partie s’appuyer sur des statistiques, même si le foot, ce n’est pas des maths (phrase que bon nombre de gens adorent prononcer tant les bulletins de notes faisaient peine à voir).

Eh bien les deux joueurs ont des stats’ très similaires, chacun autour de 350 buts et 150 passes décisives en matchs officiels (chiffres impossible à arrêter puisqu’ils augmentent presque à chaque match), des records battus en pagaille et un nombre de dribbles réussis incalculable. Tout cela cumulé montre une rare capacité à faire la différence individuellement, le grave sentiment d’impuissance qu’ils laissent aux défenseurs peut en témoigner. Finalement, on a jamais vu deux joueurs de ce calibre- là se rendre coup pour coup de la sorte durant tant d’années, qui plus est dans un football moderne au niveau plus élevé qu’autrefois.

Dans l’Histoire du foot, quand on parle de duel au sommet, la comparaison qui vient de suite est Pelé vs Maradona,  « les deux meilleurs joueurs de l’Histoire », même si ce titre ne peut mettre d’accord personne en raison de sa totale subjectivité. Soit, mais les deux lascars n’étaient pas contemporains. Léo et Christian le sont, et c’est ce qui renforce la pertinence de la comparaison.

Le début de carrière

Ils ont tous deux été mondialement connus très jeunes autour de 17 ans dirons-nous, entre 2004 et 2006, alors reconnus comme les superstars de demain. Demain c’est aujourd’hui, et les deux jeunes talents ont tenus toutes leurs promesses, si ce n’est plus. Les choses sérieuses ont commencées en position d’ailier, Ronaldo dans le Manchester United de Ferguson  après avoir été acheté au Sporting Lisbonne, Messi lancé par Rijkaard dans le traditionnel 4-3-3 du Barça. Ils ont tout d’abord affolés les observateurs en se révélant être d’incroyables dribbleurs ; Ronaldo explose l’écran durant l’Euro 2004, passant du statut de joker à celui d’une des armes offensive les plus sérieuses du Portugal, au point de se faire régulièrement détruire par les défenseurs adverses. Et puis tout le monde se souvient de ce Chelsea-Barça de début 2006, match de LDC ou un Messi de 18 ans alors relativement méconnu, rendait fous les défenseurs des Blues, Del Horno en tête, qui finira par préférer l’agresser quitte à prendre la porte prématurément. Et oui, très énervant pour des joueurs pros, également pères de familles, de se faire ridiculiser devant toutes ces caméras par un métro-sexuel à mèches blondes façon Secret Story, ou par un rongeur d’1,69m qui ne remplit même pas son maillot. Alors quand en plus ils ont dix ans de moins qu’eux…

FOOTBALL/CHAMPIONS LEAGUE /CHELSEA v BARCELONA

A cette époque, les dribbles des deux prodiges créent des décalages et procurent des occasions de buts à leurs équipes respectives. Pour des ados, c’est déjà beaucoup, si bien qu’ils sont en équipe nationale A (dès 2003 pour Cristiano, 2005 pour Messi,). Ils se font une place de titulaire indiscutable dans deux des plus grands clubs du monde, à ManU et au Barça (où ce cher Ludo Giuly profitera des blessures de Léo pour regagner la sienne).

Mais est-ce suffisant d’être un dribbleur ? On reproche alors souvent à Cristiano d’en faire trop, de jouer tout seul, de ralentir le jeu et de faire finalement perdre beaucoup de points à United sur l’ensemble d’une saison, en dépit de son incroyable talent. L’argentin est jugé plus collectif, mais les circonstances sont différentes car à l’époque les stars du Barça et du monde du foot sont Eto’o et surtout Ronaldinho. Le petit qui se dit lui-même fan de Ronnie doit faire des passes, et est de toute façon trop timide pour tirer la couverture à lui. Un problème que n’a jamais eu le portugais. D’ailleurs, de cette époque à aujourd’hui, Ronaldo a toujours eu les défauts de ses qualités et si son égoïsme et son arrogance avérés en ont toujours exaspérés plus d’un, on ne peut que saluer une confiance en lui quasi-indestructible sans laquelle il n’aurait pas affiché le niveau de performances qu’on lui connaît. Depuis le début de sa carrière, on a l’impression qu’il ne doute jamais, et à ce niveau-là, c’est impressionnant.

Ronaldo

L’explosion

Passons les exploits techniques de l’un et l’autre et arrivons à la saison 2007-2008. Durant cette année, un Ronaldo nouveau format inscrit 42 buts avec Man U, gagne la ligue des Champions (en éliminant le Barça de Messi en demi-finale) et le Ballon d’or 2008. Il n’est plus uniquement un dribbleur. Il est devenu obsédé par le but. Là où il aurait effacé 3 joueurs avant de perdre la balle, il en élimine un, écarte, et court se placer au centre. Fort d’une frappe de balle devenue surpuissante, il tente sa chance dès qu’il le peut. Il est très adroit sur coup-franc, sans même parler d’un jeu de tête désormais exceptionnel. Son physique est déjà devenu un point fort, et il ne cessera plus de l’améliorer. Ferguson a su transformer un petit dribbleur de cour de récré en un joueur complet, monstrueusement efficace, devenu la principale arme de guerre des Red Devils.

Cette saison laisse à Messi un goût amer car son Barça ne gagnera rien pour la deuxième année consécutive. Eto’o est moins bon puis blessé, Henry connaît une première saison délicate. La décadence de Ronnie étant maintenant largement amorcée, des soi-disant « quatros fantasticos » il ne reste que la pulga, qui porte toute l’équipe sur ses frêles épaules. Le Camp Nou frôle la crise de nerfs chaque fois qu’il sort du terrain en boitant, ses problèmes musculaires n’étant pas résolus. Mais quand il est apte à jouer il est si bon que le duel avec Ronaldo est déjà plus que crédible. En attendant une saison 2008-2009 pour laquelle le Barça a prévu un nouveau coach, un certain Pep Guardiola…

A l’image de Ferguson pour Ronaldo, tout très grand joueur a eu dans sa carrière un entraineur clé. Finalement on peut penser que Pep s’est inspiré de Fergie, puisqu’il a transformé  son joueur en une véritable machine à tuer en fonctionnant sur les mêmes bases que l’écossais avec CR, c’est-à-dire un focus sur son efficacité offensive. Les mêmes causes auront les mêmes effets et Messi sera auteur lui aussi d’une quarantaine de buts, au sein d’un Barça irrésistible qui fera le fameux triplé coupe-championnat-LDC. Léo s’octroie le Ballon d’or 2009, avec pour dauphin… Cristiano qu’il a battu en finale de l’Europe. C’est l’année de la consécration pour l’argentin, pour sa première saison sans blessure.

messi partie 1

Lui aussi dribble moins désormais, même si comme CR il dribble toujours aussi bien, et frappe au but dès qu’il en a l’occasion, ayant également incroyablement amélioré sa frappe de balle, et son sens du but en général. Guardiola le laisse en position d’électron (très) libre, nouvelle place qui lui laisse plus de liberté. Pour jouer dans ce nouveau registre, le joueur apprend à mieux gérer ses efforts, au point même de marcher durablement lors d’un match, pour consacrer toute l’essence de la moto à des accélérations dévastatrices mais qui consomment beaucoup. Même si c’est la saison de Messi, le moins que l’on puisse dire est que Ronaldo n’a pas perdu son jeu, et à part ces deux-là, on ne voit dès lors plus personne pouvant prétendre au trône du royaume Football.

Nous sommes entrés dans l’ère ou les statistiques s’affolent, et ne cesseront plus de s’affoler jusqu’à aujourd’hui.

A l’été 2009, le portugais signe au Real Madrid pour la somme que l’on connaît. C’est l’apogée du duel, puisque les deux hommes n’ont plus à attendre les matchs européens pour se mesurer l’un à l’autre…

Lire la partie 2

Yan O.

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